Né Malcolm Little à Omaha au Nebraska, son père, Earl Little, était un prêcheur baptiste, prônant la vision de Marcus Garvey en faveur du retour des noirs en Afrique. Son père fut retrouvé écrasé en 1931. Pour les autorités, il s'agirait d'un suicide. Pour ses proches, il aurait été assassiné par des membres de la Black Legion, une organisation affiliée au Ku Klux Klan. Suite à la mort de son père, sa mère se retrouva dans de graves difficulté financières, perdit sa garde ainsi que celle de ses frères et sœurs.
D'après son autobiographie, il aurait eu de bons résultats scolaires et de bons contacts avec les blancs, mais aurait comprit par son professeur préféré qu'il ne pourrait jamais être avocat ou avoir l'emploi auquel un blanc pouvait prétendre, lorsque celui-ci lui aurait dit : « ce n'est pas un but réaliste pour un nègre ». Il refuse de devenir charpentier comme on lui propose. Il essaye de rendre ses cheveux moins crépus et son teint plus clair, mais malgré la souffrance endurée c'est un échec.
Malcolm et ses frères et sœurs ont été envoyés dans différents foyers d’accueil après que leur mère Louise ait été déclarée légalement aliénée. En 1939, celle-ci est formellement placée à l'hôpital psychiatrique de Kalamazoo, Michigan, et y est restée jusqu'à ce que Malcolm et ses frères et sœurs obtiennent sa libération, vingt-six ans après.
Après une scolarité prématurément interrompue, Malcolm Little s’installe à Boston, chez sa demi-sœur aînée, Ella Little Collins. Il trouve un travail de cireur de chaussures dans le Lindy Hop Nightclub. Dans son autobiographie, il dit avoir ciré les chaussures de Duke Ellington et d'autres musiciens noirs célèbres.
En 1940, il part pour New York, à Harlem, où il devient un revendeur de cannabis, puis cambrioleur.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se fait réformer (semble-t-il volontairement) comme « mentalement inapte au service militaire ». D'après son autobiographie, il aurait déclaré, en vue d'être refusé, qu'il voulait une arme pour « tuer des crackers », terme péjoratif désignant les blancs.
Il est arrêté à Boston le 12 janvier 1946, à l'âge de 20 ans, et est condamné de huit à dix ans de prison, jugé coupable des principaux chefs d'accusation suivants: trafic d'armes et cambriolage. Ses relations sexuelles avec des femmes blanches (il y avait deux blanches dans sa bande, dont sa maîtresse) semblent avoir joué comme circonstances aggravantes. Il aurait gagné en prison le surnom de «Satan», pour ses jurons permanents.
Nation de l'Islam [modifier]
En 1948, son frère Reginald, qui s’est converti à Nation of Islam, lui adresse un courrier où il le presse de se convertir, ce qu’il fait peu de temps après. Après sa conversion, il devient un prisonnier avide de lecture, se constitue une bonne culture autodidacte et commence à correspondre par courrier avec le leader de la Nation de l'Islam, Elijah Muhammad. La Nation de l'Islam se définit comme une secte militante islamiste, prêchant que la plupart des esclaves africains ont été musulmans avant d'être capturés et envoyés en Amérique. Ses membres soutiennent que la population noire doit se reconvertir à l'Islam pour se réapproprier son héritage culturel et religieux. Cependant, la religion prônée par cette secte, bien que s'inspirant de quelques éléments de la tradition musulmane, est assez éloignée de l'Islam orthodoxe, et n'est pas reconnue par celui-ci. La Nation de l'Islam se considère d'abord comme un groupe de nationalistes noirs, revendiquant une nation noire séparée des États-Unis blancs. L'organisation tient aussi un discours raciste violemment anti-blancs, accusant ceux-ci d'être des démons. « Nous croyons que les mariages mixtes ou le mélange des races devraient être interdits [1] ».
Libéré de prison sur parole le 2 août 1952, Malcolm rencontre peu après Elijah Muhammad à Chicago. C'est là-bas qu'il reçoit comme nom de famille son « X ». Celui-ci symbolise le rejet du « nom d'esclave » et l'absence de nom africano-musulman, le « X » désignant l'inconnu en mathématique. Il prend aussi le nom de Malachi Shabazz, qu'il utilisera très peu [2]. Remarqué pour ses talents d'orateur, il tient des conférences dans tous les États-Unis.
Six mois seulement après sa libération, en février 1953, le FBI ouvre un dossier sur Malcolm X. On y trouve par exemple la citation d'une lettre de 1950, ou celui-ci se décrit lui-même comme un communiste (cette sympathie ne semble pas avoir eu de suite) [3].
En 1958, Malcolm se marie avec Betty X, à Lansing dans le Michigan. Ils auront six filles, toutes portant le nom de famille de Shabazz, le nom adopté par Malcolm X après sa conversion à l'islam sunnite orthodoxe :
- Attillah, née en 1958
- Qubilah, née en 1960
- Ilyasah, née en 1962
- Gumilah, née en 1964
- les jumelles Malaak et Malikah, nées en 1965, après la mort de leur père.
Séparation d'avec la Nation de l'Islam [modifier]
Suite à ses déclarations sur l'assassinat de John F. Kennedy, qu'il considérait comme une conséquence de la violence blanche, il est interdit de parole par la Nation de l'Islam, celle-ci craignant que sa présence n'apporte une image néfaste à l'organisation.
Le 8 mars 1964, Malcolm X annonce son départ de la Nation de l'Islam, puis le 12 mars la création de sa propre organisation « The Muslim mosque inc. ». Peu de temps après, il se convertit à l’islam sunnite orthodoxe. Le 13 avril 1964, Malcolm X part de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy pour faire le pèlerinage à la Mecque (le hajj). Le 21 mai, il revient aux États-Unis sous le nom musulman de Malik El-Shabazz. Sa femme et ses filles prennent alors le nom de famille de Shabazz.
Il condamne le racisme anti-blanc de la Nation de l'Islam. Il écrit ainsi à propos de son pèlerinage :
« Il y avait des dizaines de milliers de pèlerins, de partout dans le monde. Ils étaient de toutes les couleurs, des blonds aux yeux bleus aux Africains à la peau noire. Mais nous étions tous les participant d'un même rituel, montrant un esprit d'unité et de fraternité que mes expériences en Amérique m'avaient mené à croire ne jamais pouvoir exister entre les blancs et les non-blancs. L'Amérique doit comprendre l'Islam, parce que c'est la seule religion qui efface de sa société le problème des races [4]. »
Mais il reste fidèle à une action tournée de façon privilégiée vers le peuple noir, et même sa rupture officielle avec le racisme reste quelque peu ambiguë. Le terme « crackers », un terme péjoratif désignant les blancs, est ainsi utilisé 8 fois dans son célèbre discours prononcé le 3 mai 1964 à Cleveland, intitulé « The Ballot or the Bullet » (le bulletin de vote ou la balle). Il refuse aussi de condamner la violence des opprimés, et a des paroles assez dures pour les tenants de la non-violence, qu'il accuse d'encourager à la soumission. Dans le même discours, il déclare :
« Si l'homme blanc ne veut pas que nous soyons contre lui, qu'il cesse de nous opprimer, de nous exploiter et de nous dégrader. Que nous [les noirs] soyons chrétiens, ou musulmans, ou nationalistes, ou agnostiques, ou athées, nous devons d'abord apprendre à oublier nos différences. [...] Nous allons être forcés d'employer le vote ou la balle. [...] Je ne me considère même pas comme un américain. Je ne suis pas un Américain. Je suis l'une de 22 millions de personnes noires qui sont les victimes de l'Américanisme [...] Il y aura des cocktails Molotov ce mois-ci, des grenades à main le mois prochain, et autre chose le mois suivant. [...] Ce sera la liberté, ou ce sera la mort[5]. »
Pour lui, la priorité n'est pas d'unir les blancs et les noirs, il faut d'abord que l'union des noirs soit complète, et ensuite, il se battra pour l'union noir-blanc [réf. nécessaire].
Peu de temps après son retour de la Mecque, Malcolm X fonde l’« organisation pour l’unité afro-américaine », un groupe politique non religieux. Il affirme ainsi sa volonté de mener à la fois une lutte religieuse pour l'Islam, et une lutte politique pour les noirs, les deux fonctionnant de façon autonomes.
Le 21 février 1965, Malcolm X prononce un discours dans le quartier de Harlem à New York, devant un auditoire de 400 personnes, où sont également présents sa femme et ses enfants. Le discours commence à peine lorsqu'une dispute éclate dans la foule, un homme accuse un autre d'avoir ses mains dans ses poches. Malcolm X, au micro, les incite au calme lorsqu'un homme s'avance vers lui avec un fusil à canon scié; il touche au ventre Malcolm X, qui s'effondre, tandis que deux autres personnes lui tirent 16 fois dessus. Malcolm X décède sur le coup. L'identité des commanditaires reste inconnue, même si les soupçons se portent principalement sur la Nation de l'Islam, d'où plusieurs agents du FBI infiltrés avaient appris l'existence d'un projet d'assassinat de Malcolm X.
